Entre les Alpes et les Apennins
Le Piémont, situé au nord-ouest de l’Italie, borde la France et la vallée d’Aoste à l’ouest, la Suisse au nord, la Lombardie à l’est, ainsi que la Ligurie et l’Émilie-Romagne au sud. Les provinces qui le composent sont Alessandria, Asti, Biella, Cuneo, Novara, Turin, Verbano-Cusio-Ossola et Vercelli. Le Piémont est entouré au nord-ouest par la barrière des Alpes et au sud par les Apennins. Alors que le fleuve Pô reste la partie essentielle de l’âme de la région.
Le Piémont le long du fleuve Pô
Autour du cours du Pô, les collines qui ont toujours été une terre d’agriculteurs descendent vers sa vallée. Le spectacle des rizières inondées dans la plaine est l’une des caractéristiques des provinces les plus occidentales. Outre le riz, ces régions sont de grands producteurs de blé et de maïs. Mais la culture la plus noble et la plus célèbre est certainement celle de la vigne, avec des raisins très précieux et une production de vin respectable. D’autres produits alimentaires ne sont pas non plus à sous-estimer, comme la centaine de fromages traditionnels et la précieuse et célèbre truffe d’Alba. En outre, le Piémont reste le plus important centre de production de chocolat en Italie.
Contexte historique
Sous l’Empire romain
Déjà colonisé par des populations d’origine ligurienne, au IVe siècle av.J.-C. le Piémont voit un mouvement migratoire de populations celtes et gauloises. Entre le 3ème et le 1er siècle avant JC, Rome parvient à prendre le contrôle de tout le Piémont, y compris les vallées les plus sauvages et les moins accessibles. De cette manière, Rome assure le contrôle des cols les plus importants de la région et de la voisine Vallée d’Aoste.
Les colonies romaines du Piémont
Il y avait de nombreuses colonies romaines fondées au pied de la barrière alpine. D’abord Augusta Taurinorum (aujourd’hui Turin) en 28 avant JC, puis Augusta Proetoria Salassorum (Aoste) en 25 avant JC. En plus, on trouve Hasta (Asti), Iria (Voghera), Dertona (Tortona), Eporedia (Ivrea), et les fondations du réseau de voies de communication sont posées. Pendant les siècles qui suivirent, ces routes reliaient le Piémont aux régions au-delà des Alpes, au sud et à la mer Ligure.
Subdivision administrative d’Auguste
Dans la géographie administrative d’Auguste, une partie du territoire piémontais était incluse dans la Regio IX, donc de la Ligurie. Alors que la zone la plus septentrionale des vallées piémontaises est intégrée au Regio X Transpadana. Le mot Piémont dérivera de la définition médiévale de « ad pedes montium » vers le milieu du XIIIe siècle.
Le Piémont et les invasions barbares
Avec la chute de l’Empire romain d’Occident (qui a été établi en 476), le Piémont subit plusieurs invasions barbares comme toutes les autres régions de l’Italie orientale et occidentale. L’invasion des Lombards datée de 568 marque profondément l’histoire de la région. En 661, le duc d’Asti, le noble Ariperto, devint roi des Lombards. L’événement démontre le contrôle solide du Piémont par cette population.
Les Francs et l’ordre féodal
En 773, les Lombards sont vaincus par les Francs de Charlemagne à la Chiusa di San Michele. C’est une nouvelle conquête de l’Italie qui conduira à une fragmentation notable du pouvoir local avec la diffusion de l’ordre féodal. Un évènement qui se produit à cette époque dans toute l’Europe médiévale ou la puissance temporelle de l’église s’affirme également dans le Piémont. C’est la période qui favorise la naissance de grands centres monastiques, abbayes et couvents. Une croissance qui permetra aux puissants abbés de contrôler de vastes portions de territoire.
La dynastie des Savoie et le Piémont
Humbert-aux-Blanches-Mains naît en 1048, l’ancêtre de la dynastie des Savoie dans le Piémont qui dure jusqu’en 1946. Au cours des premiers siècles après l’an 1000, il y a un développement de communes piémontaises comme Asti, Biella, Casale, Vercelli et Turin. Désireux d’autonomie politique et économique, ils entrent en conflit avec le pouvoir temporel. L’empereur Frédéric Barberousse tente à plusieurs reprises d’étouffer la lutte pour l’indépendance, mais en 1176, il est vaincu dans la bataille de Legnano.
Les Visconti
A la mort de Frédéric II en 1250, après une brève domination de Charles Ier d’Anjou dans le sud du Piémont, Thomas III de Savoie conquiert Turin. Par la suite, la région connaît une période confuse caractérisée par de longues guerres locales. Au 14ème siècle, les Visconti (seigneurs de Milan) s’installent dans de nombreuses villes piémontaises telles que Vercelli, Tortona, Bra, Alessandria et Alba. Le duché de Milan affronte Amedeo VI et son successeur Amedeo VII (comtes de la Maison de Savoie). Ce dernier étend les possessions de sa famille jusqu’à Nice.
L’unification du Piémont
Le XVe siècle voit alterner les occupations français et espagnols. Ce n’est qu’après la paix de Cateau-Cambrésis (1559) qu’Emmanuel Philibert (duc de Savoie) et ses successeurs purent entamer le processus d’unification du Piémont avec l’annexion de la Sardaigne en 1720. Le contrôle définitif du Piémont par la Maison de Savoie fut achevé en 1748 avec le traité d’Aix-la-Chapelle.
Révolution française
Vers la fin du XVIIIe siècle, avec la Révolution française, la guerre éclate entre les troupes de Napoléon Bonaparte et les Savoie qui s’enfuient en Sardaigne en 1798. Le Piémont est annexé à la France, tandis que toute la région de Novare devient une partie de la nouvellement formée République Cisalpine.
La Maison de Savoie et l’unification italienne
Avec la restauration de 1815, les Savoie obtiennent tous leurs biens et Gênes où la République cesse d’exister. Dans la période entre le Congrès de Vienne (1815) et la prise de Rome en 1870, le Piémont et la monarchie savoyarde auront une grande importance dans l’unification italienne. De plus, la prise de Rome le 20 septembre 1870, avec la célèbre brèche de la Porta Pia, marque la fin de l’État pontifical et du pouvoir temporel des papes.